
Par ChrissM pour ProdPress, 12 février 2025
Alors que les crises politiques et économiques se multiplient, la corruption reste un fléau mondial tenace. Le dernier rapport de Transparency International, publié ce lundi, dresse un bilan alarmant : plus des deux tiers des 180 pays étudiés affichent un score inférieur à 50 sur 100 en matière de lutte contre la corruption dans le secteur public. La note moyenne mondiale stagne à 43/100, un chiffre inchangé depuis cinq ans, signe d’une paralysie des réformes anticorruption.
Un paysage mondial contrasté : les Nordiques en tête, l’Afrique et l’Amérique latine en crise
Comme chaque année, les pays nordiques dominent le classement. Le Danemark caracole en tête (90/100), suivi de la Finlande (88) et de Singapour (85), qui fait son entrée dans le top 3. La Nouvelle-Zélande (84), symbole historique d’intégrité, chute pour la première fois depuis 2012, reléguée à la quatrième place. Le Luxembourg (82), la Norvège et la Suisse (81) complètent le peloton de tête.
À l’inverse, le bas du classement reste occupé par des États en proie à des conflits ou à des régimes autoritaires : Soudan du Sud (13/100), Somalie (14) et Venezuela (15) ferment la marche, talonnés par la Syrie, le Yémen et la Libye.
En Afrique, où plusieurs coups d’État ont secoué le Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger) et le Soudan, Transparency International souligne un lien direct entre corruption et instabilité politique. « L’affaiblissement des systèmes judiciaires et le détournement des fonds publics alimentent le mécontentement populaire et les prises de pouvoir par la force », explique Delia Ferreira, présidente de l’ONG.
Europe : une fracture Est-Ouest persistante
Si l’Union européenne reste globalement vertueuse, avec 21 États sur 27 dans le top 50 mondial, la situation se dégrade à l’Est. La Hongrie (42/100), dirigée par Viktor Orbán, est le pays le plus mal classé de l’UE, suivie par la Bulgarie (45), la Roumanie (47), Malte (48), la Croatie (49) et la Grèce (49). Autre signal d’alarme : aucun de ces pays n’a progressé depuis 2021.
« Les pressions sur l’indépendance de la justice, les marchés publics opaques et le clientélisme politique minent ces démocraties », analyse Miklos Ligeti, directeur de Transparency Hongrie.
La France en recul : conflits d’intérêts et détournements en hausse
La France perd 4 points et se classe désormais 16e (67/100), son plus bas niveau depuis 2017. Une chute attribuable à plusieurs affaires récentes : soupçons de détournements de fonds publics dans des collectivités locales, conflits d’intérêts impliquant des élus, et opacité autour des contrats liés aux Jeux olympiques de Paris 2024.
« Les scandales répétés érodent la confiance des citoyens. La France peine à appliquer ses propres lois, comme l’encadrement des lobbies ou la transparence des patrimoines », critique Patrick Lefas, président de Transparency France.
Les raisons d’espérer ?
Malgré ce sombre tableau, quelques lueurs subsistent. L’Ukraine (36/100), en guerre, gagne 5 points grâce à sa lutte contre la corruption dans l’aide internationale. Le Brésil (40) progresse timidement après les réformes anticorruption post-Lava Jato.
Conclusion : un appel à l’action
Pour Transparency International, la solution passe par renforcer l’indépendance de la justice, protéger les lanceurs d’alerte et sanctionner les paradis fiscaux. « Sans transparence, les inégalités et les crises démocratiques vont s’aggraver », alerte l’ONG.
Encadré méthodologique :
L’Indice de perception de la corruption (IPC) évalue, via des experts et des enquêtes, la perception de la corruption dans le secteur public. Il va de 0 (corruption élevée) à 100 (très vertueux).
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Crédits photo : Carte mondiale de l’IPC 2024 (source : Transparency International).
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Cet article a été rédigé avec les données du rapport 2024 de Transparency International et des entretiens avec des experts anticorruption.
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