
Le parquet de Paris enquête sur le financement de 750 000€ accordé par Arte à des documentaires du philosophe, également président de son conseil de surveillance.
Lyon, 13 Février 2025 – Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « prise illégale d’intérêts » visant Bernard-Henri Lévy, figure médiatique et président du conseil de surveillance d’Arte depuis 2021. La chaîne culturelle franco-allemande, financée par des fonds publics, est accusée d’avoir octroyé près de 750 000 euros à des productions documentaires réalisées par l’intéressé, alors qu’il occupait un poste clé dans sa gouvernance. Une affaire qui soulève des questions brûlantes sur l’éthique et la gestion des deniers publics.
Les faits : un mélange des genres problématique
Selon des informations confirmées par des sources judiciaires, Arte aurait financé entre 2020 et 2023 plusieurs projets portés par Bernard-Henri Lévy (BHL), dont les documentaires « La Bataille d’Ukraine » (2022) et « Pourquoi l’Afghanistan ? » (2023). Des montants substantiels, cumulant 750 000€, qui auraient été versés via sa société de production, La Compagnie des Phares et Balises.
Problème : depuis juin 2021, BHL préside le conseil de surveillance d’Arte, instance chargée de veiller à la bonne gestion de la chaîne et au respect de ses missions de service public. Une position stratégique qui, selon la loi française, interdit toute décision ou avantage personnel lié à ses fonctions.
Arte se défend, les critiques s’enflamment
Contactée par nos soins, la direction d’Arte assure que « les projets ont été validés en toute légalité par les commissions éditoriales, indépendamment de M. Lévy ». Pourtant, des lanceurs d’alerte internes dénoncent une « opacité persistante » dans l’attribution des financements. « Comment croire qu’un président du conseil de surveillance n’a aucune influence sur des projets dont il est directement bénéficiaire ? », s’interroge un salarié sous couvert d’anonymat.
Du côté des experts juridiques, l’affaire pourrait faire jurisprudence. « La prise illégale d’intérêts nécessite de prouver que la personne a utilisé sa position pour obtenir un avantage. Les liens entre BHL et Arte semblent, a priori, répondre à cette définition », analyse Maître Élodie Tuaillon-Hibon, avocate spécialisée en droit des médias.
Une enquête sous haute tension
L’enquête, confiée à la Brigade financière de Paris, examinera notamment :
- Les procédures de validation des projets financés par Arte.
- L’étendue réelle des pouvoirs de BHL au sein du conseil de surveillance.
- Les éventuels conflits d’intérêts non déclarés.
Si les charges sont retenues, Bernard-Henri Lévy encourt jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 500 000€ d’amende. Arte, de son côté, risque un retentissement majeur sur son image, déjà ébranlée par des critiques récurrentes sur sa gestion.
BHL, un habitué des polémiques
Philosophe médiatique, engagé sur tous les fronts géopolitiques, Bernard-Henri Lévy n’en est pas à sa première controverse. En 2019, il avait déjà été épinglé pour des financements opaques de son documentaire « Les Aventures de la vérité » via des fonds publics. « Ce qui est nouveau, c’est la dimension systémique : ici, il est juge et partie », souligne un membre du CSA sous anonymat.
Conclusion : un test pour l’audiovisuel public
Cette affaire relance le débat sur l’indépendance des médias publics et la rigueur exigible de leurs dirigeants. Dans un contexte de restrictions budgétaires, chaque euro dépensé par Arte sera désormais scruté à la loupe.
Prochaines étapes : Le parquet devrait auditionner dans les semaines à venir les dirigeants d’Arte et Bernard-Henri Lévy lui-même. La chaîne, sous pression, annonce un « audit interne » pour apaiser les tensions.
À suivre…
Par ChrissM
⚠️ À noter : Les propos de Bernard-Henri Lévy n’ont pas pu être recueillis au moment de la publication. Arte maintient que « toutes les règles déontologiques ont été respectées ».
🔍 Sources : Procès-verbaux judiciaires, documents internes d’Arte, entretiens avec des salariés et experts.