
Limoges / Tel-Aviv – Une opération policière d’envergure, coordonnée entre la France et Israël, a permis le démantèlement d’un réseau sophistiqué soupçonné d’avoir escroqué des millions d’euros à des centaines de victimes, avant de blanchir ces fonds via des montages offshore. Sept individus de nationalité franco-israélienne ont été interpellés ce mercredi, selon des informations exclusives de Franceinfo confirmées par des sources judiciaires.
Une escroquerie à la « crédulité humaine » : le mode opératoire
D’après les enquêteurs, le réseau aurait opéré depuis Limoges, où une cellule logistique recrutait des complices, et Tel-Aviv, base arrière des cerveaux financiers. Les escrocs ciblaient principalement des particuliers et des PME via des arnaques aux faux investissements immobiliers et des offres de crédits « miraculeux » à taux zéro. Les victimes, souvent vulnérables, étaient contactées par téléphone ou email avec des dossiers falsifiés, puis invitées à verser des acomptes sur des comptes offshore (Chypre, Îles Vierges).
« Le préjudice global dépasse les 15 millions d’euros », indique une source proche du dossier. La moitié des sommes aurait déjà été blanchie via l’achat de cryptomonnaies, de luxueux appartements à Tel-Aviv et des transferts vers des sociétés écrans en Asie.
Interpellations simultanées et saisies records
L’opération, pilotée par l’Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) et l’autorité israélienne Lahav 433, a mobilisé plus de 80 policiers et gendarmes. Les perquisitions ont permis de saisir :
- 1,2 million d’euros en liquide,
- 12 véhicules haut de gamme (dont deux Ferrari),
- Des documents liés à des comptes bancaires dans 7 pays.
Parmi les interpellés figurent un ancien banquier lyonnais et une avocate spécialisée dans le droit des affaires, suspectée d’avoir légitimé les transactions.
Une collaboration franco-israélienne saluée
« Ce coup de filet est le fruit de deux ans d’enquête discrète, avec un partage exemplaire de renseignements », a déclaré le procureur de Limoges, Éric Vaillant, lors d’un point presse éclair. Côté israélien, la police a souligné la « technicité » du réseau, qui utilisait des logiciels de cryptage militaires et changeait régulièrement de pseudonymes.
Le rôle clé d’un repenti, ancien comptable du réseau, aurait permis de remonter la chaîne jusqu’aux dirigeants. Selon Franceinfo, l’homme coopère en échange d’une protection dans le cadre d’un programme témoin.
Les victimes enfin identifiées ?
Si les escrocs opéraient principalement en France, des plaintes ont également été enregistrées en Belgique, en Suisse et au Maroc. La plateforme Cybermalveillance.gouv.fr alerte sur la recrudescence de ces méthodes : « Les promesses de gains rapides exploitent la crise économique. Méfiez-vous des offres trop alléchantes. »
Les personnes lésées peuvent contacter le 08 905 440 005 (numéro dédié mis en place par la gendarmerie).
Contexte : l’argent sale, fléau transnational
Cette affaire relance le débat sur le renforcement des contrôles des transactions crypto en Europe, une proposition portée par la France dans le cadre de la future loi anti-blanchiment de l’UE. Pour l’eurodéputée Anaïs Leclerc, « ces réseaux prospèrent grâce aux failles légales entre États. Seule une réponse coordonnée peut les anéantir. »
À suivre…
- Jeudi 10h00 : Comparution immédiate des suspects devant le tribunal de Limoges.
⚠️ Les charges retenues sont pour l’instant « escroquerie en bande organisée » et « blanchiment ». L’enquête se poursuit pour identifier d’éventuels complices.
ChrissM